Martial Trigeaud
L’INGÉNIEUR CHARENTAIS FAIT REVIVRE UNE MARQUE MYTHIQUE DU CYCLISME
Martial Trigeaud ici avec un vélo TIME. "Ce n’est pas du haut de gamme, mais du très haut de gamme", dit-il.
17/02/2021
Martial Trigeaud, Angoumoisin de 33 ans et ex-étudiant au Cesi vient de racheter la marque de vélos de course TIME n Un accomplissement pour cet ingénieur expatrié aux USA n Et passionné de cyclisme.
Durant ses jeunes années de cycliste à arpenter les routes de Charente, Martial Trigeaud avait-il sérieusement envisagé, qu’un jour pas si lointain, il rachèterait les cadres de vélos TIME, marque française de cycles avec laquelle l’équipe belge Quick Step du champion flandrien Tom Boonen remporta trois championnats du monde, de nombreuses classiques et le titre Olympique à Athènes en 2004 avec l’italien Paolo Bettini? "C’est l’accomplissement d’une passion de plusieurs années de formation qui ont abouti à l’acquisition des cadres de vélo TIME", confie cet Angoumoisin de 33 ans, expatrié aux États-Unis depuis février 2015. "Avoir un Frenchy qui sauve une entreprise française, c’est super", félicite Thierry Duval, l’ancien tuteur de Martial Trigeaud au Centre d’études supérieures industrielles (Cesi), l’école d’ingénieurs de La Couronne.
Aujourd’hui, TIME n’est plus incontournable dans le peloton professionnel et c’est presque un euphémisme. Mais depuis le rachat via sa société américaine Cardinal Cycling Group, Martial Trigeaud entend "redonner la gloire passée" à la marque et ce, "à un horizon proche, pourquoi pas". "C’est la seule marque qui reste gravée dans ma mémoire, j’ai grandi avec, j’ai vu des cyclistes de renom dessus comme Sylvain Chavanel et le local Paul Poux… Aujourd’hui, j’ai un vélo TIME et je ne roulerais pas sur un autre. Ce n’est pas du haut de gamme, c’est du très haut de gamme!", dit-il en mettant en avant la haute technologie par moulage et transfert de résine (RTM) avec laquelle sont conçus uniquement ces vélos en Europe.
Cette histoire, c’est donc celle d’une passion qui embrasse une carrière d’ingénieur et d’entrepreneur fulgurante. L’alchimie rêvée pour celui qui a donné ses premiers coups de pédale à la MJC Louis-Aragon de Ma Campagne, à Angoulême "tous les dimanches matin", avant de participer à ses premières courses avec le Angoulême Vélo Club, puis au CO Couronnais avant de rejoindre la structure Top 16. "La communauté cycliste de Charente est très active! J’ai adoré rouler avec les différents groupes de cyclistes pendant toutes ces années."
Dans la ville de Bill Clinton
Même si en entrant au Cesi, il a dû mettre entre parenthèses sa carrière sportive. Ici, en 2008, Thierry Duval, son tuteur, découvre un étudiant "exigeant avec lui-même. C’est le caractère du sportif." Martial Trigeaud apprend son métier d’ingénieur au sein d’une formation qu’il vante aujourd’hui, travaille pour le groupe Amcor, notamment sur le site de Barbezieux, Multipackaging Solutions à La Couronne puis chez Hertus, à Champniers. Et en 2015, il s’envole vers les États-Unis "pour relancer ma carrière". "En France, on est très bons sur la partie ingénieur, le côté technique, il n’y a rien à dire. Mais sur le business, ce n’est pas suffisant par rapport à la demande du marché international." A Little Rock, – "la ville de Bill Clinton"-, dans l’Arkansas, il travaille dans une "agence de développement économique", aide les entreprises à grandir et à lever des fonds. En même temps, il passe un MBA, un Master of Business Administration.
Puis il se lance, fonde sa société de matériel médical, jusqu’au rachat de TIME, en janvier dernier, "après neuf mois de préparation". Pas un coup de tête sur un coup de coeur, donc, mais un vrai projet mûri. Il a d’ailleurs bâti un plan d’action de 90 jours pour relancer la marque, "un redéveloppement de la gamme et une amélioration des processus de fabrication", dont les sites sont basés en Europe.
Son tuteur au Cesi voit en ce garçon "un exemple pour beaucoup de jeunes. Cela montre que n’importe quel étudiant qui vient d’une famille modeste (ses parents sont viticulteurs) peut réussir à avoir une promotion sociale, avec de la volonté, du courage et de la détermination".
Des qualités dont avait fait preuve Martial Gayant le 11 juillet 1987 pour résister au retour de ses compagnons d’échappée et l’emporter à Chaumeilles-Monédières, sous une chaleur de four. On s’égare? Pas du tout puisque Martial Trigeaud est né trois jours après ce coup de force sur le Tour de France. Et c’est pour cette raison que ses parents ont choisi ce prénom. Du courage, de la volonté et de la détermination, l’Angoumoisin de 33 ans n’en manque pas lui non plus et il l’a montré aux Américains en remportant un critérium de renom en 2016, puis le championnat de cyclisme de l’État de l’Arkansas en 2018. Il est ainsi devenu "le premier Français à revêtir ce maillot distinctif." Avec un vélo TIME évidemment.
Date de dernière mise à jour : mercredi, 17 février 2021